41.
Derek Olsen n’était pas seulement l’irascible vieillard que croyaient connaître son neveu et Howard Altman. Il était aussi un financier avisé qui avait vu ses investissements dans des immeubles bien situés se transformer en une fortune personnelle de plusieurs millions de dollars. Il était arrivé aujourd’hui à la conclusion que le moment était venu de réaliser ses actifs.
Le vendredi matin, il appela Wallace et Madison et demanda d’un ton sec à parler à Elliott Wallace. Depuis longtemps habituée au caractère d’Olsen, la secrétaire d’Elliott ne prit pas la peine de lui dire que M. Wallace s’apprêtait à participer à une réunion urgente. Elle le pria de rester en ligne et s’élança dans le couloir pour rattraper son patron devant l’ascenseur.
« C’est Olsen », dit-elle.
Avec un soupir d’exaspération, Elliott regagna son bureau et prit le téléphone. « Derek, comment allez-vous ? demanda-t-il d’un ton amical.
– Bien. Votre soi-disant neveu a de sérieux ennuis, paraît-il.
– Mack a disparu depuis dix ans. Il est absurde de la part de la police de vouloir lui coller la responsabilité d’un crime. Que puis-je faire pour vous ?
– Il m’a causé une quantité d’ennuis en disparaissant alors qu’il habitait un de mes appartements. Mais passons, ce n’est pas la raison de mon appel. J’ai fêté mon anniversaire le mois dernier. J’ai quatre-vingt-trois ans. Le moment est venu pour moi de tout vendre.
– C’est ce que je vous suggère depuis cinq ans.
– Si j’avais vendu il y a cinq ans, je n’en aurais pas obtenu le même prix qu’aujourd’hui. Je voudrais vous en parler. Lundi matin à dix, heures, cela vous convient ?
– Lundi à dix heures, c’est parfait », dit Elliott aimablement.
Quand il fut certain qu’Olsen avait raccroché, il reposa brusquement le téléphone. « Je vais devoir réorganiser toute ma journée », lança-t-il à sa secrétaire en se hâtant vers l’ascenseur.
Elle le regarda partir avec un regard plein de compréhension. La réunion à laquelle il se rendait avait pour objet de décider qui reprendrait le poste d’Aaron Klein dans la société. Après quatre jours d’absence, Klein avait téléphoné pour présenter sa démission, prétextant qu’il lui était impossible de travailler aux côtés de quelqu’un qui était le protecteur de l’assassin de sa mère.